Thursday, October 11, 2012

Un cocktail d'Asie et de musique celte



Le chef d'orchestre singapouriel Darrell Ang, pendant une répétition de l'OSB le 20 septembre 2012 à Rennes (photo: AFP / Damien Meyer)

AFP / Damien Meyer

RENNES (France) - Des musiciens bretons qui se mettent aux œuvres chinoises. Une star russe du violon. Un chef d'orchestre singapourien qui découvre les sons folkloriques celtes: l'Orchestre symphonique de Bretagne (OSB) se plonge avec délice dans l'éclectisme, tout en cultivant ses racines.
Darrell Ang, directeur musical depuis moins d'un an, a prévu de mettre "une touche de Chine à Rennes" en février, à l'occasion du Nouvel an lunaire: il a invité des musiciens chinois et singapouriens à jouer de leurs instruments traditionnels aux côtés des interprètes locaux. "Le public est très réceptif à la nouveauté ici", assure le jeune chef singapourien (33 ans), qui a eu pour maîtres rien moins que Lorin Maazel et Sir Colin Davis et ne redoute pas la cohabitation entre musiciens de cultures différentes. Ceux de l'OSB "sont très adaptables", assure-t-il.
Darrell Ang ne parlait pas un mot de français quand il a remporté le concours des jeunes chefs d'orchestre à Besançon en 2007, mais se débrouille désormais fort bien. Il apprécie le son "léger" des musiciens hexagonaux. "En Allemagne ou aux Etats-Unis, les orchestres aiment à montrer leur puissance, alors que les musiciens français essayent de mettre du beau dans tout. C'est ça que j'apprécie", assure-t-il.
L'orchestre, qui se déplace dans toute la Bretagne, cultive aussi sa fibre celtique. "Un orchestre symphonique doit refléter sa ville, sa région. On est dans une région avec une culture très forte", observe Marc Feldman, l'Américain qui a pris les rênes de l'OSB l'an dernier et tisse des liens avec d'autres centres de culture celtique, de l'Espagne à l'Irlande.
Là, c'est plutôt le Singapourien qui va devoir s'adapter. "Je ne connais pas bien la musique celtique, mais c'est quelque chose que je suis prêt à explorer", assure-t-il.
Darrell Ang a mis à son programme de la saison 2012-13 des musiciens bretons comme Jean Cras (1879-1932) et Maurice Duhamel (1884-1940) autour du thème de la mer. "Je souhaite présenter davantage de compositeurs bretons que l'on a jamais joués ici à Rennes", explique-t-il.
La formation classique se rapproche de la musique folklorique et a prévu pour la fin de l'année une soirée "Bach en Breizh" qui rapprochera l'oratorio de Noël de Bach et des chants de Noël bretons interprétés par la soliste Marthe Vassallo. "A première vue, ce sont des choses qui n'ont rien de commun", observe la chanteuse, qui s'est spécialisée à la fois dans la musique classique et le chant folklorique et se réjouit du décloisonnement entre ces deux mondes qui s'ignoraient.

Le Russe Mikhaïl Simonyan répète à Rennes, le 20 septembre 2012 (photo: AFP / Damien Meyer)

AFP / Damien Meyer

Pour ouvrir la saison, l'OSB a invité Mikhaïl Simonyan, prodige du violon qui s'est produit à l'âge de 13 ans au prestigieux Carnegie Hall de New York. Le jeune Russe a choisi Rennes pour sa première prestation en France avec un orchestre, en l'occurrence le concerto pour violon d'Aram Katchatourian (1903-78). "Il le joue de façon folklorique, pas classique", note Marc Feldman. Aujourd'hui âgé de 27 ans, Simonyan a été acclamé à tout rompre lors de son passage pour deux soirs à l'opéra de Rennes, improvisant un dernier rappel pour le plus grand plaisir du public.
"C'est ça qui est magique avec la musique", s'enthousiasme ce magicien de l'archet, qui se décrit comme "un nomade". "La nationalité et la langue n'existent pas. C'est comme moi: je suis né en Russie, mais je suis à moitié Arménien, j'ai grandi aux Etats-Unis... La seule chose qui compte c'est la musique".
Ses années de formation aux Etats-Unis, Mikhaïl Simonyan s'en souvient comme d'une galère. Pour survivre, il a dû se transformer en chauffeur de limousines la nuit avant de rejoindre au matin le banc des répétitions. Quant à son violon, il lui a été offert à New York par le luthier français Christophe Landon. "Il est l'un des plus doués que j'ai jamais vus", assure le violoniste, qui préfère jouer avec un instrument neuf d'une valeur de 80.000 dollars qu'avec un stradivarius qui en coûte au bas mot le centuple.
Séduit par son expérience bretonne, le jeune Russe espère partir en tournée autour du monde avec l'orchestre de Rennes. "Je les adore, c'est un très bon groupe, ils sont désireux d'apprendre de nouvelles choses", commente le violoniste.
"Normalement on commence par Paris...", reconnaît-il à propos de sa carrière française. Paris, Mikhaïl Simonyan s'y produira en janvier à l'auditorium du Louvre pour un récital de musique de chambre. Auparavant, il retournera en Afghanistan où sa fondation "Beethoven, not bullets" (Beethoven, pas les balles) aide à former de jeunes musiciens après l'ère des talibans, lorsque la musique était interdite.
Source:afp.com/

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